Malaisie 4: Bornéo et Mabul
Cela commence par notre premier gros "bug" en matière de transport: à 6h00 du matin, nous sommes au mauvais terminal de l'aéroport, et à 7h00 notre avion décolle! Sauter dans un taxi pour rouler pendant quinze minutes à tombeau ouvert et rejoindre le bon terminal, enregistrer les bagages et monter dans l'avion. Grosse décharge d'adrénaline! Ensuite, vol sans histoire qui nous permet de confirmer vu du ciel, que le sol de Bornéo ne sert vraiment qu'à produire de l'huile de palme. Cela nous sera confirmé quelques heures plus tard par notre chauffeur de taxi, aussi fier des bons résultats de ses enfants à l'école que du fait que la Malaisie est "palm oil number one" et que Sabah (l'état dans lequel nous nous trouvons) est "palm oil number one" en Malaisie.
Après deux jours de trajet bien éprouvants (réveil à 5h30 pour faire 6h30 de train vers Kuala Lumpur, puis réveil à 4h30 le lendemain, vol de 3h, bus public très lent pour rejoindre la ville, et enfin taxi vers la guest house), nous arrivons dans un endroit un peu magique: des cabanes en bois sur pilotis, posées sur un promontoire en pleine jungle, une vue magnifique depuis notre petit balcon privatif, une salle de bain ouverte, des hamacs et fauteuils suspendus sous certaines maisons. On y a passé une petite semaine très sympathique, un peu hors du temps, et de plus on y a très bien mangé.
A Sepilok, il y a deux "must": les orang-outans et les "longs nez" (ou nasiques en bon français). Nous, nous avons commencé par le Rainforest Discovery Centre: on commence à être au point au niveau de nos connaissances en flore et en fonctionnement de la jungle. Le lendemain, départ pour le Sepilok Orang-Utan Recovery Centre: un centre qui recueille les jeunes orang-outans orphelins, ou blessés, et qui les élève pour qu'ils puissent vivre à nouveau dans leur jungle. Ils les soignent, les nourrissent au biberon, puis leur apprennent petit-à-petit à se déplacer dans les lianes, à construire leur nid en haut des arbres, à trouver seuls de la nourriture, bref à redevenir autonomes. Cet apprentissage prend parfois plusieurs années, mais la plupart des pensionnaires retournent à une vie totalement sauvage. Certains reviennent de temps en temps se montrer aux plates-formes de nourriture, où les visiteurs comme nous peuvent les observer, les admirer et s'émerveiller.
Pour les «longs nez», l'histoire est un peu différente: la réserve a été créée, semble-t-il, par un planteur d'huile de palme qui s'est rendu compte assez tôt du danger que couraient les nasiques. Disparition de leur habitat (zone comprise entre la jungle et la mangrove), épuisement de leur nourriture, et donc, danger pour cette population de singes. Il a donc créé une réserve sur ses propres terres, et les nourrit partiellement, ce qui nous permet d'observer deux «familles» vivant dans deux endroits différents. Nous avons également pu voir de magnifiques oiseaux, des hornbills, cousins des toucans.
Dans ces deux réserves, nous avons passés plusieurs heures à observer ces grands singes, qui ont parfois des attitudes très proches des nôtres, qui nous ont aussi souvent fait rire et qui nous font prendre conscience de la beauté de notre planète et des contraintes auxquelles nous la soumettons.
Changement de décor: après plus de six heures de bus (plus de 300 km de routes bordées de plantations d'huile de palme à perte de vue...), nous arrivons à Semporna, passage obligé pour accéder au Parc Marin de Sipadan, tout à l'est de Bornéo. Une courte nuit dans un hôtel bas de gamme, puis une heure de bateau pour atteindre notre destination: l'île de Pulau Mabul. Là, nous logerons chez Scuba Junkie et ne le regretterons pas. Ils ont une vision très responsable de l'impact du tourisme sur l'environnement et mettent en place de nombreuses choses qui n'existent pas ailleurs: panneaux solaires, traitement de leurs eaux usées, etc. Ils organisent également des semaines de nettoyage de l'île (et sous l'eau aussi!), au cours desquelles ils offrent, entre autre, des poubelles aux habitants locaux (Scuba Junkie évacue les déchets) et leur apprennent également quoi jeter: certains enfants voulaient jeter les noix de coco, les bouts de bois et les pierres, en plus des sacs en plastique et des canettes en alu... Depuis sept ans, ils cherchent à faire de Mabul une zone d'exclusion de la pêche aux requins et cela devrait devenir une réalité dans moins d'une année. Ils ont également une «nurserie» pour les tortues qui viennent pondre sur Mabul et essaient de sensibiliser la population à ne pas déterrer les oeufs pour les vendre au marché de Semporna. En échange du signalement des nids, ils donnent plus d'argent que ce que rapporteraient les oeufs vendus et leur gens, spécialement formés pour cela, déplacent les oeufs dans une zone protégée.
Il faut savoir que l'énorme majorité de la population locale est d'origine philippine, soit parce qu'ils ont fui les guerres civiles de Mindanao, soit parce que ce sont des Bajaus (ou Bajos), c'est-à-dire des nomades de la mer vivant sur leurs bateaux. Certains sont là depuis plus de 30 ans mais n'ont jamais pu acquérir la nationalité malaisienne et sont donc apatrides. Leurs enfants (et ils en ont beaucoup!) n'ont donc pas le droit de suivre l'école gouvernementale. Stanley, un divemaster philippin d'origine, a donc décidé d'en ouvrir une pour eux, et nous a raconté sa création. Elle s'appelle «School of Hope» et nous sommes allés la visiter: 50 élèves, de 3 niveaux d'âge, viennent tard le soir, suivre les cours donnés par un passionné non formé. Un autre groupe de vingt enfants viennent le matin. Ils vendent des bracelets et des cartes pour financer leur école, nous leur avons laissé quelques stylos et cahiers. (Sur Facebook, recherchez Schoolofhope Mabul, et vous trouverez sa page.)
Cette île est aussi un petit paradis du snorkeling et de la plongée. Jeanique et moi nous sommes remis à niveau (nos dernières plongées dataient de 2007) et j'en ai profité pour faire trois jours (éprouvants et même stressants parfois, mais terriblement intéressants) de cours de Rescue Diving. Avec les enfants, nous avons aussi découvert de nouvelles merveilles sous-marines avec nos masques et tubas.
Sur l'île, Valentin et Leïla ont passé des heures à jouer avec les enfants du village, au basket et au loup entre autres, en n'utilisant que le langage universel des enfants. Nous avons également assisté à la finale de la Mabul Football Cup et à un mariage traditionnel.
Au moment du départ, il est un peu difficile de quitter ce bel endroit accueillant et de saluer toutes les personnes rencontrées. De plus, cela met un terme à notre superbe découverte de Bornéo (non prévue à la base d'ailleurs, mais quel bon choix!) et à nos sept très belles semaines passées en Malaisie.
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